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Nos ancêtres, n'ayant ni enzymes gloutons, ni aspirateur, ni lave-vaisselle, ni lave-
linge, ne pouvaient avoir notre conception de la propreté. Les plus vieux d'entre nous
doivent se souvenir des lavoirs et des lessiveuses, du temps où l'on utilisait pour faire
la lessive, des cendres bien tamisées auxquelles les uns ajoutaient des coquilles
d'oeufs pilées et les autres des fleurs d'orties, sans oublier parfois des racines d'iris
hachées, destinées à parfumer le linge, que l'on mettait à sécher en plein soleil sur le
pré ! Ils se rappellent peut-être la vaisselle faite une fois par jour, le bol du déjeuner
étant alors ré utilisé pour la soupe du soir, sans être entre-temps passé par l'évier.
Toutes ces différences tiennent avant tout à l'eau.
L'eau de nos ancêtres est en effet bien différente de la nôtre. Elle n'est pas courante,
et de leur temps, c'était eux qui lui couraient après ! Avec des seaux, lourds à porter,
et en faisant parfois plusieurs centaines de mètres pour aller la chercher à la pompe,
au puit, à la fontaine ou à la source. De ce simple fait dont on a sans doute du mal à
percevoir les conséquences, la vie de nos ancêtres n'a ici rien de comparable à la
nôtre !
Je vous propose de mesurer cela en vous remettant dans leur situation, ne serait-ce
qu'une seule journée ! «Bof !! » , objecteront certains, «on le fait bien lorsqu'on fait
du camping !! ».
Pas sûr !!...... à moins d'opter pour le camping sauvage, c'est-à-dire
sans bloc sanitaire douches toilettes - évier, sachant que la situation n'en sera pas
moins différente en ce que le campeur sauvage choisit le plus souvent son
emplacement en fonction des points d'eau !
Imaginez donc une journée sans eau courante, sans eau froide ni chaude, et ré
apprenez à passer cette journée avec un seul seau d'eau !
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Ne poussez cependant pas le
bouchon trop loin : inutile de vous obliger à porter ce seau rempli à ras bord, sur des
centaines de mètres et de monter par des escaliers, même si cet exercice est excellent
pour les mollets, nos ancêtres n'avaient nul besoin de fréquenter les salles de gym.
Remplissez simplement ce seau et essayez de vous contenter de son contenu tant pour
votre toilette, votre ménage et votre cuisine que pour étancher votre soif ! Assez vite,
vous re découvrirez spontanément les gestes de vos aïeux : La toilette hebdomadaire
«du Dimanche» retrouvera d'un coup toute ses vertus !
Pas une fois, je le parie, vous ne gaspillerez le moindre verre d'eau : L'eau de la
salade sera ré employée pour laver la table après le repas et pour remplir l'écuelle du
chien, celle de la cuisson du riz pour vos divers lavages de mains, en prenant soin de
ne jamais abuser du savon, non pas pour l'économiser, mais pour pouvoir mieux vous
en débarrasser. Plus question non plus d'oublier les oeufs durs sur le coin du feu :
Vous y perdriez, par évaporation, quelques gouttes de ce liquide hier si banal et
aujourd'hui si précieux !
Mais ce qui vous gênera le plus dans tout cela, c'est l'hygiène. Face à vos hésitations,
deux arguments : Souvenez-vous qu'au XVII siècle, la plupart des nobles eux-mêmes,
qui représentaient l'élite évoluée du pays, estimaient de bon ton d'avoir « un peu
l'aisselle surette et les pieds fumants ». Souvenez-vous aussi que vos ancêtres
consommaient beaucoup de fleur d'oranger et de lavande !! Inutile de demander
pourquoi !
Napoléon au retour de batailles demandait à Joséphine de ne point faire d'ablutions !
A croire que la beauté n'a pas d'odeur.
Essayez donc de faire cela de nos jour !...
Candide
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